Rencontre avec la créatrice de Verdilacqua
Les paysages corses, entre réalité et abstractionIntrigantes et innovantes, les créations de Floryane Andreani ne laissent pas indifférent. Du haut de ses vingt-trois ans, la créatrice de la marque Verdilacqua a imaginé une collection de vêtements à l’esprit bohème ornés de motifs réalisés à partir de photographies de paysages insulaires, qu’elle transforme par informatique. Un univers qui oscille entre authenticité et virtuel, pour un résultat des plus surprenants…
Bonjour Floryane, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Floryane Andreani, j’ai 23 ans. Je vis à Olmeto, d’où ma famille est originaire. Il y a deux ans, j’ai lancé ma marque de vêtements : Verdilacqua. Je rêvais de devenir créatrice de mode depuis l’enfance… J’ai suivi une formation dans une école de mode à Toulouse, où j’ai découvert les différents aspects de la création : la couture, le stylisme et la création par ordinateur. J’ai eu un coup de foudre pour cette dernière technique. A la fin de mes études, j’ai utilisé ce procédé pour réaliser une mini collection autour d’un thème qui s’est imposé à moi comme une évidence : la Corse. Depuis, c’est toujours ma source principale d’inspiration.
Tu livres une vision très personnelle des paysages de l’île, on reconnaît ta signature…
Je suis très influencée par ce qui m’entoure, une véritable éponge ! Dès que je vois un visuel ou une couleur qui me plaît, j’essaie de me constituer une base de données. J’ai emmagasiné des tas de photographies de paysages, et j’essaie de proposer ma vision personnelle de la Corse. On voit souvent les mêmes images, alors qu’il y a tant de subtilités à découvrir ! Pour moi, il n’y a aucun intérêt à imprimer une photo telle quelle. Ce qui m’intéresse, ce sont les détails. C’est à partir de cela que je crée les motifs de mes créations.
Comment procèdes-tu ?
Je pars d’une photo de paysage, puis je la transforme en motif à l’aide d’un logiciel de graphisme, Photoshop ou Illustrator. J’ai mes petites recettes, mes cadrages, mes couleurs… Je suis très attentive à la couleur, j’aime qu’elle soit vive. Après transformation, les paysages sont plus ou moins reconnaissables selon les motifs, c’est un choix. Parfois on les identifie clairement, alors que d’autres motifs peuvent être plus abstraits, à la manière d’un kaléidoscope. Ca leur donne un côté psychédélique.
Suis-tu un thème en particulier ?
Pour ma première collection, je me suis inspirée des ports de l’île. Cette année, je me suis concentrée sur les paysages de l’intérieur des terres, les fleuves et les montagnes. Par contre, je ne suivrai pas forcément un thème à l’avenir. J’ai envie de me mettre dans la peau de quelqu’un qui découvrirait la Corse, un village par-ci, une plage par-là… Dans la vie réelle, tout n’est pas obligatoirement cantonné à un thème ! Et puis je reviendrai à des paysages plus facilement identifiables sur mes motifs. Je pense que les gens sont plus sensibles à cela, ils sont heureux de porter des vêtements qui affichent un lieu qu’ils affectionnent. Cette saison, c’est le pont génois d’Asco qui a eu le plus de succès !
Comment imagines-tu tes modèles ?
En fait je m’inspire beaucoup de mes goûts personnels. J’aime les vêtements confortables, qui laissent le corps respirer, donc j’opte pour des pièces assez fluides et pratiques, comme des kimonos, des caftans, des foulards… Ca donne un petit côté indien et oriental à la collection. J’observe beaucoup les gens et leur attitude par rapport aux vêtements. J’essaie d’imaginer des pièces polyvalentes et qui s’adaptent à toutes les morphologies.
Il y a une démarche éthique derrière ta marque…
Lorsque j’ai créé ma marque, je me suis efforcée de monter un projet cohérent, en adéquation avec mes valeurs. J’ai choisi de n’utiliser que des matières naturelles et biologiques. Je n’avais aucune envie d’imprimer mes motifs sur du polyester ou des tissus de Chine, ça n’aurait eu aucun sens ! Et j’ai également décidé de faire confectionner mes modèles dans un atelier qui emploie des personnes handicapées ou en réinsertion (un Etablissement et Service d’Aide au Travail), en région Rhône-Alpes. Je suis très contente de la qualité des produits et je trouve cela valorisant, pour les couturières comme pour moi.
Où peut-on trouver tes créations ?
J’ai commencé à vendre mes modèles dans le commerce familial où ma mère m’a installé un espace, la boucherie Andreani à Olmeto. Et maintenant je suis également présente à la boutique de créateurs Anna Paola à l’aéroport d’Ajaccio, sur Lulishop, et je l’espère prochainement au concept store Lufa Lab à Porto Vecchio. On peut aussi me contacter sur Facebook, j’y suis très réactive.
Pour finir, parles-nous de tes projets…
J’aimerais développer un concept de personnalisation autour des villages. Cet été, j’ai réalisé une collection capsule de t-shirts pour la foire de Baracci, en mettant Olmeto en valeur. Ca a beaucoup plus et ça m’a donné l’envie d’étendre cette idée à d’autres villages. Et puis ça pourrait être une bonne alternative aux produits souvenirs kitsch que l’on trouve partout !
Il y a également un projet que je garde dans un coin de ma tête : développer un atelier de confection en Corse, dans le même genre que celui avec lequel je travaille en Rhône-Alpes. Ca serait enrichissant d’un point de vue social, mais aussi pour les créateurs insulaires qui comme moi rêvent d’une confection 100% corse. Un beau projet que j’espère bien réaliser !
On te le le souhaite 🙂